Évaluation initiale et Diagnostic
Symptômes aigus et chroniques
Les patients présentant une carence en fer sans anémie peuvent présenter des symptômes.
Les symptômes varient avec de la fatigue, de la faiblesse, de l'irritabilité et jusqu’à une fonction cognitive réduite, y compris un QI plus faible [4-10].
Symptômes d’une Carence en Fer
[4-12]
Tests de laboratoire
La ferritine est le marqueur le plus sensible et le plus spécifique de la carence en fer chez l'adulte et la population pédiatrique. Les taux de ferritine doivent être mesurés avec une formule sanguine complète (FSC) chez les patients dont l’histoire suggère qu'ils présentent des facteurs de risque de carence en fer.
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Les filles asymptomatiques et les femmes en âge de procréer devraient avoir une vérification de la FSC et de la ferritine au minimum tous les 3 ans [35]. Les filles et les femmes présentant des facteurs de risque de carence en fer, tels qu'un faible statut socio-économique, une race/origine ethnique minoritaire, des saignements menstruels abondants et des grossesses successives rapides, devraient être testées chaque année. Ceux qui présentent des symptômes doivent être testés et retestés sous traitement tous les 3 à 6 mois.
Les personnes atteintes d’anémie ferriprive doivent être surveillées plus étroitement et une orientation vers un hématologue et un gynécologue doit être envisagée si le taux d'hémoglobine est inférieur à 100 g/L ou si elles sont réfractaires à la suppression menstruelle et au traitement par fer oral. Toutes les femmes enceintes devraient avoir une ferritine incluse dans l'analyse sanguine prénatale initiale (voir l'organigramme ci-dessous).
Algorithme de dépistage et de traitement recommandé pour la carence en fer pendant la grossesse
La plupart des personnes souffrant d’anémie ferriprive ont un VGM normal !
Il convient de noter qu’une FSC seule constitue un dépistage inadéquat de la carence en fer, car un faible taux d’hémoglobine et une microcytose (VGM diminué) ne sont ni sensibles ni spécifiques d’une carence en fer [36]. Par exemple, une étude récente portant sur des femmes non enceintes en âge de procréer en Ontario a révélé que la majorité (56 %) des personnes souffrant d'anémie ferriprive n'avaient pas un VGM diminué [37].
Tests de laboratoire sur demander pour l'investigation de la carence en fer
Référence rapide :
Le diagnostic de la carence en fer implique une anamnèse et un examen physique minutieux, qui sont essentiels pour identifier les facteurs de risque et l'étiologie possible, guider les tests de laboratoire et identifier la cause sous-jacente de la carence en fer.
Suggestions du seuil de ferritine pour un traitement
*Si les patients adultes présentent un état inflammatoire concomitant avec une ferritine ≥ 30, contrôler un bilan martial (fer sérique, TIBC, saturation de la transferrine) À JEÛN. Pour les patients pédiatriques présentant un état inflammatoire concomitant et un taux de ferritine ≥ 20, contrôler un bilan martial ou le récepteur soluble de la transferrine À JEÛN. Si des bilans martiaux sont nécessaires chez les patients souffrant d’état inflammatoire, indiquez « inflammation chronique » sur le formulaire de demande de laboratoire du ministère de la Santé de l’Ontario, dans la section Informations cliniques.
Patients adultes
Les adultes ayant un taux de ferritine < 30 mcg/L sont considérés comme ayant un déficit en fer et doivent recevoir un traitement à base de fer [38–43].
Les patients présentant des taux de ferritine compris entre 30 et 50 mcg/L sont considérés comme insuffisants en fer et peuvent bénéficier de l'instauration d'un traitement par le fer s'ils présentent des symptômes [4,5,7,43,44].
Les patients présentant des taux de ferritine > 50 mcg/L sans inflammation concomitante sont considérés comme ayant suffisamment de fer.
Les patients présentant une ferritine ≥ 30 mcg/L et une inflammation concomitante (voir exemples ci-dessous) doivent faire l'objet d’un bilan martial (fer sérique, TIBC et saturation de la transferrine) [28]. Le bilan martial doit être fait à jeun, car la consommation récente d'aliments ou de suppléments contenant du fer peut affecter le fer sérique et la saturation de la transferrine. La ferritine n’est pas affectée par la prise alimentaire récente.
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La ferritine est un réactif de la phase aiguë qui augmente avec l'inflammation, même en présence d'une carence en fer. Cliquez ici pour des exemples d’états inflammatoires.
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​Un taux de ferritine ≥ 30 mcg/L mais une saturation de la transferrine < 20 % sont compatibles avec une carence ou une restriction en fer et doivent être traités par un traitement de remplacement du fer.
[28,30]
Patients pédiatriques
Dans la population pédiatrique, des taux de ferritine inférieurs à 20 mcg/L indiquent une carence en fer. Comme dans la population adulte, la ferritine est un réactif de la phase aiguë et peut être élevée en présence d’inflammation [28]. Chez les patients présentant une inflammation concomitante, une saturation de la transferrine < 20 % indique une carence en fer [30].
Les taux de protéine C-réactive ont été utilisés pour détecter une inflammation concomitante avec des taux > 5, suggérant une possible inflammation chez les patients présentant des taux de ferritine compris entre 20 et 50 mcg/L [44].
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D'après le comportement du rapport récepteur soluble de la transferrine (sTfR)/hepcidine, une ferritine < 50 peut être le signe d'une carence en fer précoce. Les valeurs sériques des récepteurs solubles de la transferrine peuvent être utilisées comme alternative à la saturation de la transferrine pour évaluer la carence en fer dans les états inflammatoires, en particulier chez les patients pédiatriques [45-47]. Il est disponible sur demande en tant que test de laboratoire distinct, mais son accès est limité.
Hémoglobine des réticulocytes
Précurseur de globules rouges indifférenciés
GR matures
Hémoglobine des réticulocytes
Dans les populations adultes et pédiatriques, la concentration en hémoglobine des réticulocytes (Rét-He) est une autre mesure permettant d’identifier les premiers états de carence en fer [46,47]. La Rét-He mesure la teneur en hémoglobine des réticulocytes (globules rouges immatures) [47]. La Rét-He est une mesure directe du fer fonctionnel disponible pour être incorporé dans les premiers précurseurs des globules rouges. Cette mesure n’est pas un réactif de la phase aiguë et n’est pas affectée en contexte d’inflammation, d’infection ou un contexte néoplasique [48]. Un Rét-He < 28 pg comme indication d'une carence en fer avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 80 % [47]. Des mesures en série de la Rét-He peuvent être utilisées pour surveiller la réponse au traitement par le fer [47,48]. La Rét-He est indiquée avec la FSC sur certains analyseurs de laboratoire.
Patients atteints de thalassémie
La carence en fer chez les patients atteints de thalassémie doit être traitée par un remplacement du fer. La thalassémie sans carence en fer ne doit pas être traitée par un traitement de substitution en fer, car cela ne présenterait aucun bénéfice (c'est-à-dire qu'il n'y aura aucune amélioration de l'hémoglobine ni du VGM).
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La thalassémie mineure et l'anémie ferriprive peuvent toutes deux avoir un faible taux d'hémoglobine et un VGM diminué (microcytose). L'anémie due à la thalassémie peut être différenciée de l'anémie ferriprive à l’aide de la mesure de la ferritine (et/ou un bilan martial, s’il y a inflammation). Les patients atteints de thalassémie seule ne devraient pas avoir un faible taux de ferritine (c'est-à-dire < 30 mcg/L) ou une faible saturation de la transferrine (c'est-à-dire < 20 %) en l'absence de carence en fer concomitante [52].
L'examen physique peut être normal chez les patients présentant une carence en fer (avec ou sans anémie), ou il peut révéler un ou plusieurs des éléments suivants :
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Pâleur, peau sèche
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Glossite atrophique (inflammation de la langue), qui peut s'accompagner d'une bouche sèche ou de douleurs à la langue
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Koïlonychie (ongles en cuillère)
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Chéilite angulaire
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Alopécie
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Souffle systolique
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Hypotension orthostatique
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Tachycardie
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Instabilité hémodynamique